(Société nationale des Québécois et Québécoises de la Capitale)

Patriote, patrie, patrimoine, expatrier, rapatrier, repaire et repère, tous ces mots que la vie et l’histoire ont chargé de sens dérivent de pater, vielle racine d’origine indo-européenne.Ils renvoient au sens de la famille, de la cité, de la collectivité.
La patrie, pays du père, pays hérité des ancêtres, des mères et des pères figurant dans toutes les lignées, patri ou matrilinéaires, la patrie, c’est le lieu où l’on est établi, où l’on s’établit, où l’on s’enracine.
Fils d’un immigré italien, François Cavanna, fondateur de Charlie-Hebdo, disait : « Là où l’on a chaud au cœur, là est la Patrie ».
Dans un siècle où des idéologies globalisantes de toute sorte soumettent les nations à de périlleuses pressions, où l’on entend parler davantage d’évitement, d’évasion ou de fraude fiscale que de paisible commerce, d’industrie besogneuse ou de culture épanouissante, existe-t-il encore parmi nous des personnes dont l’esprit et l’action les qualifient d’emblée de patriote ? Des personnes qui aiment et servent leur patrie avec dévouement, qui ont le sens du bien commun.
Si la curiosité vous pousse à consulter Google avec son prénom, Iréne, et son nom, Belleau, vous obtiendrez 157 000 résultats en 31 centièmes de seconde ! Alors vous comprenez qu’il n’est pas question ici d’énumérer tout ce qu’a pu accomplir jusqu’à maintenant Irène Belleau et vous comprenez aussi que la seule notoriété n’est pas un critére suffisant pour obtenir un brevet de patriote.
Je suis certain que beaucoup de personnes dans la salle ont eu l’occasion de travailler avec elle ou bien ont été concernées par l’une ou l’autre des responsabilités qu’elle a exercées.
Nous saluons ce soir son œuvre qui se développe au fil de ses multiples engagements et dont nous souhaitons indiquer l’orientation.
La vie religieuse actualise une vocation.
La vie professionnelle de trente-cinq années d’enseignement du français avec enthousiasme manifeste son talent pour la communication.
Elle multiplie les initiatives et déploie bien des efforts pour donner à des générations de jeunes « les mots pour le dire », le pouvoir de la parole. Le grand linguiste polyglotte Claude Hagège, né à Tunis, nous le rappelle bien : « imposer sa langue, c’est imposer sa pensée ».
Dire le nom de ce pays
L’apprendre amoureusement
À tous les enfants
Avec leurs premiers mots
Répéter le nom du pays
La vie associative à l’Association québécoise des professeurs de français (AQPF) et par la suite à l’Association des retraitées et retraités de l’éducation et des autres services publics du Québec (AREQ – CSQ) lui ouvre l’espace socio-politique.
Elle assume diverses fonctions et accède à la 1ère vice-présidence pour s’occuper du dossier de la condition des femmes et de l’international tout en participant au Conseil des Aînés.
Pendant nombre d’années de sa retraite, elle consacre donc son énergie à la promotion de la justice due aux femmes et aux personnes ainées.
Elle mène une vie noblement politique puisque chacun de ses dossiers l’invitent à ne pas se satisfaire de l’ordre établi mais à changer la vie.
Son action la porte maintenant à la défense et à l’illustration des 764 Filles du Roy venues comme le dit Anne Hébert « nous mettre au monde et tout le pays avec nous ».
Avec les membres de la Société d’histoire des Filles du Roy, il s’agit désormais de ranimer la flamme de la mémoire.
Reconnaître le courage de ces Mères de la Nation, leur ardeur au travail, leur patience, leur ténacité, leur résistance dans l’épreuve, leur héritage pour forger à leur exemple des patriotes pour demain.
Aimer ce pays
Comme on aime sa mère
Come on aime une femme
Avoir en soi ce pays
Comme le sang dans les veines
Quelques unes de ses plus belles entreprises et réussites ?
Son enseignement dont se souviennent ses élèves.
Ses publications pour soutenir l’enseignement du français et son travail à l’Université Laval.
Son organisation à Québec en 1984 du 6ème congrès mondial de la Fédération Internationale des Professeurs de Français à la suite duquel elle est décorée de l’Ordre des Palmes Académiques par le gouvernement français.
La fondation de l’Association des Belleau dit Larose d’Amérique.
L’organisation en 2008 du colloque sur les Filles du Roy qui conduit à la fondation en 2010 de la Société d’histoire des Filles du Roy qu’elle préside encore aujourd’hui.
Nous saluons donc ce soir une œuvre multiple et féconde et nous honorons la personne d’Irène Belleau, femme d’action.
Femme d’engagement, dynamique, enthousiaste, organisée, directive, tenace jusqu’à passer pour têtue, passionnée, généreuse. Elle a investi bénévolement son temps et ses talents dans toutes les charges qu’elle a occupées et offert le meilleur d’elle-même aux personnes qui l’ont rejointe.
Un matin comme un enfant
À la fin d’un trop long voyage
Nous ouvrirons des bras nouveaux
Sur une terre habitable
Sans avoir honte d’en dire le nom
Qui ne sera plus murmuré
Mais proclamé
Pour Voltaire, « la patrie est où l’on vit heureux ». À la suite des Filles du Roy, Mères de la Nation, Madame Irène Belleau, patriote de cœur et de raison n’a jamais craint de poser un pied devant l’autre pour bâtir un pays habitable.
Accompagnons-la sur le chemin qui reste à parcourir !
Gérard Viaud
23 mai 2016
(Jean-Guy Pilon, Poèmes pour maintenant, extraits)